Claudia Lavegas
- 1968 : naissance à Caracas, Vénézuela
- 1992 : diplôme d’architecte – Université Centrale du Venezuela
- 1995/1997 : Beaux-Arts de Paris – Mention section muséographie
- 1997/2010 : Peintures murales pour particuliers et professionnels
- 2010 : direction artistique pour le développement de la marque «Happy Hour Bag »
- 2017 : création artistique pour le développement de la marque «Qilin »
- 2018 : diplôme de l’Université Métropolitaine de Caracas, section peinture
- 2023 : première exposition personnelle Galerie Graphic Art à Caracas
Architecte de formation, Claudia Lavegas a également toujours peint. Des fresques, des chapeaux, des foulards, de la porcelaine… Elle a ainsi travaillé pour d’importants collectionneurs à Caracas, Madrid, New York, Paris, Santo Domingo.Depuis qu’elle a découvert le village de Mayupa en Amazonie en 2017, elle peint des “Churuatas”, nom donné aux huttes indigènes de ce village. “ Je suis entrée dans une de ces huttes, explique-t-elle. J’ai eu l’impression d’entrer dans une cathédrale de bois. J’ai longuement observé le toit vu du dessous d’abord, du dessus ensuite. Je trouvais cette architecture ronde fascinante de beauté et d’intelligence. Le Cercle, symbole le plus répandu dans la Nature, est l’une des premières formes tracées par les humains. Il n’a ni commencement ni fin ; ce qui en fait un symbole universel d’éternité, de perfection, de divinité, d’infini…” Les « churuatas » de Claudia sont réalisés à l’acrylique sur toile, et patiemment remplies de lignes en surépaisseur pour en souligner la structure.
Souvent de couleur cuivrée, or ou argent, ces churuatas font référence aux vastes ressources minières exploitées dans son pays (or, bauxite, fer, nickel, charbon, diamants). Soucieuse des ravages provoqués par ces exploitations aurifères, elle s’intéresse également à l’architecture paysagère, où subsistes des plateaux rocheux appelés tepuys ou montagnes “sacrées” pour les communautés autochtones. Comme animée par une urgence à laisser trace, l’artiste reproduit ses paysages sur de larges pans de toiles. Tel un chirurgien, elle y dépose de manière obsessionnelle des centaines et des centaines de lignes à main levée, comme autant de sillons de couleurs minérales, souvent sombres, parfois relevés d’un rouge sang évocateur de la couleur de l’eau dans cette région.Enfin, dépeuplées, dévastées, ces montagnes de forêts du sud de l’Amazonie rendues à l’état de sable inspirent à l’artiste une nécessité absolue d’y replanter des arbres et de la flore. Aussi dessine-t-elle au feutre des milliers de petites cellules, qui se faufilent sur la toile ou le papier, créant de nouvelles cellules, symbolisant la vie au cœur des arbres. Parce que ses racines plongent dans le sol et que ses branches s’élèvent dans le ciel, l’arbre peut à nouveau jouer son rôle de “passeur” entre la terre et le ciel. Figure axiale, il peut à nouveau naturellement représenter le chemin ascensionnel par lequel transitent ceux qui passent du visible à l’invisible. En entrant dans le cœur des arbres, Claudia cherche à percer le secret de leur vie intérieure, et au-delà, de notre âme.
Loin de proposer une géométrie mathématique stricte, cette artiste pluridisciplinaire accomplie invente une manière aussi intuitive que réfléchie d’aborder la question des origines, des racines, des liens entre la Nature et l’être humain. Son œuvre doit se comprendre comme un manifeste à la fois architectural, environnemental et spirituel.
034, 2024
Acrylique sur toile et raphia
157 x 57 cm
Pièce unique