GRAND ANGLE

Exposition personnelle de Jaildo Marinho

La Galerie Wagner présente l’oeuvre de Jaildo Marinho, artiste brésilien. Peintre et sculpteur, Jaildo Marinho propose une sélection d’une quinzaine d’œuvres emblématiques de sa démarche. 
 
Exposition du 15 juin au 29 juillet 2023. 
A noter : d’autres œuvres de l’artiste sont exposées à la Maison Louis Carré à Bazoches-sur-Guyonne jusqu’au 3 septembre (sur réservation), ainsi qu’à la Fondation Villa Datris à l’Isle-sur-la-Sorgue jusqu’au 1er novembre.

Viewing room

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Jaildo Marinho rend plusieurs hommages à la communauté des artistes géométriques dans son travail. A droite de l’image, une œuvre récente dédiée à Auguste Herbin réaffirme les affinités esthétiques qu’il éprouve pour d’autres artistes et qui nourrissent son travail. Cette référence à l’ancien – relatif – cohabite parfaitement avec ses sculptures de marbre, matériau millénaire qu’il évide et peint subtilement pour mettre en exergue ces intervalles métaphysiques. Loin d’avoir laissé un vide chez Jaildo Marinho, l’empreinte d’Herbin habite l’espace travaillé par l’artiste qui continue de tisser le fil de la lignée dans laquelle il s’inscrit.

Azul, 2015-2021
Acrylique sur bois et PVC
160 x 107 x 10 cm
Pièce unique

Hommage Auguste Herbin, 2023
Acrylique sur bois et PVC
150 x 150 x 8 cm
Pièce unique

Bleu la ligne, 2019
Marbre de carrare et acrylique
120 x 40 x 40 cm
Pièce unique

Soleil , 2017
Marbre blanc de carrare, plexiglas et acrylique
19 x 34 x 4 cm
Pièce unique

Au premier plan, une aiguille traverse la « Trame diagonale » de Jaildo Marinho. Objet symboliquement cher à l’artiste, l’aiguille est l’une des plus grandes inventions du Paléolithique supérieur et sa forme est restée inchangée depuis des dizaines de milliers d’années. Elle représente ici le point de départ de la trame de ce « tissu » de marbre tout en maintenant l’équilibre de la sculpture. Ainsi insérée dans le canevas rocheux, l’aiguille comble et porte en-même temps en elle le vide. En effet, le chas de l’aiguille, au-delà d’être cet espace creusé dans l’objet, est déjà une zone prédestinée à accueillir un fil. Par ce jeu d’intrications, Jaildo Marinho nous invite encore à poursuivre notre méditation sur le vide – à propos duquel le sage chinois Lao-Tseu disait déjà que rien n’est plus puissant et créatif. Enfin, d’un coin à l’autre de la trame, une diagonale colore l’absence de matière tangible et nous offre à voir l’invisible.

Au second plan, une résonance se fait sentir. Une pièce murale tridimensionnelle en bois et fils de nylon blancs et orange tendus perturbe notre perception de l’espace. L’emploi de lignes obliques jaunes créent un ensemble de rectangles singuliers faisant chanceler notre regard. Entre le premier plan et le « fond » de l’œuvre, une autre bande jaune, invisible de face, encadre l’espace alors traversé par quelques fils. A l’instar de la trame diagonale, la lumière habite le vide et Jaildo Marinho nous encourage à repenser les fonctions d’hôte et de propagateur de celui-ci.

Trame diagonale, 2021
Marbre blanc de carrare et acrylique
60 x 104 x 102 cm
Pièce unique

Lignes Obliques n°468 – Volume Flash Jaune-Jaune, 2013
Acrylique sur bois et nylon
200 x 124 x 11 cm
Pièce unique

 Matheus 24 , 2019
Acrylique sur bois, nylon et PVC
102 x 102 x 10 cm
Pièce unique

Cible, 2018
Acrylique sur bois et nylon
76 x 76 x 10 cm
Pièce unique

Dans les œuvres murales de Jaildo Marinho, les segments créés par les fils tendus joignent symboliquement deux couleurs et lient deux plans qui étaient a priori séparés. Or ces trait tirés dans l’espace y projettent non seulement leurs ombres mais nous poussent aussi à changer de perspective. La curiosité du regard est attisée et l’œil appelé à découvrir ce qui se cachait jusqu’à lors derrière le premier plan. D’autres couleurs se révèlent.

Au centre, « Soleil » nomme sans détour cet astre qui fascine l’humanité depuis des millénaires. Encadrés de marbre blanc, des rayons de plexiglas jaune sont disposés de façon oblique. Or l’inversion de l’orientation de ces rayons au milieu de la pièce nous amène à nous questionner sur la direction que prend la lumière. Tributaires de la couleur jaune peinte à l’intérieur du marbre dont elles sont captives, les tiges de plexiglas vont de l’arrière vers l’avant puis de l’avant vers l’arrière – ce qui trouble une fois de plus la perception – créant ainsi un espace spécifique en son centre. Tels les barreaux distendus d’une prison dorée, cette pièce évoque une lucarne au travers de laquelle le regard s’émancipe un peu plus encore.